Au cours de trois dernières années consécutives, NewSETA est sur les fronts d’une campagne visant à abaisser l’âge de vote au Cameroun, par le biais du projet « VOTE 18 ». Dans l’échange qui suit, le directeur exécutif répond à quelques questions et préoccupations concernant l’appel de NewSETA à étendre les droits de vote aux Camerounais âgés de 18 ans. Echange avec le Directeur Exécutif, Ateki Seta Caxton
Questions et réponses sur VOTE 18
1. Qu'est-ce que la campagne « VOTE 18 » ?
VOTE 18 est une campagne lancée par le Réseau pour la solidarité, l’épanouissement et la transformation pour tous (NewSETA) pour plaider en faveur de la réduction de l’âge minimum de vote au Cameroun de 20 à 18 ans. La campagne vise également à mobiliser la nouvelle catégorie des électeurs à s’inscrire massivement sur les listes électorales et à participer aux futures élections.
2. Pourquoi avez-vous choisi un tel slogan « VOTE 18 »?
Il véhicule le message de notre campagne de façon simple et mémorable et convient à notre contexte bilingue.
3. Pourquoi la réduction de l’âge du vote que vous défendez?
Cette campagne vise à encourager la participation des jeunes dans la prise de décisions politiques; inculquer les valeurs civiques à un plus jeune âge; permettre à notre pays de s’arrimer à ses engagements envers les jeunes, et d’être sur un pied d’égalité avec d’autres Etats africains qui ont fait de grands progrès sur l’intégration des jeunes dans le processus politique au plus jeune âge. Le Cameroun est l’un des seuls pays africains ayant un âge de voter à 20 ans. Dans presque tous les autres pays Africains, les jeunes votent à 18 ans.
4. Qu’est-ce qui a inspiré cette campagne?
Nous avons développé le projet VOTE 18 après avoir observé les élections municipales et législatives simultanées du 30 Septembre 2013 marquée par la sous-représentation des jeunes. La population du Cameroun était alors bien plus de 20 millions de personnes. Cependant, seul environ 5,4 millions ont inscrits au vote. Après les élections il y avait environ 1,2 million d’abstentions et 185000 bulletins de vote nuls, ce qui signifie effectivement que ceux qui ont voté lors de ces élections étaient un peu plus de 4 millions. Lors de l’élection présidentielle de 07 Octobre, 2018 au Cameroun, nous avons constaté de mêmes tendances. Sur 6,667,754 électeurs inscrits seuls 3.590.681 ont voté, parmi lesquelles 52716 étaient effectivement des bulletins de vote nuls. Il y avait 3,077,073 abstentions et plus de 50% de ces abstentions étaient des jeunes. La question que nous nous sommes posée était, pourquoi ces jeunes ne participent pas au processus électoral? Nous avons réalisé qu’au-delà des raisons personnelles, le système électoral a été structuré d’une manière qui a pour but de limiter la participation des jeunes et les a empêchés d’être capable à délibérer et décider sur les questions d’actualité, donc dans la plupart d’eux ont été distancés. Et ce qui est tragique c’est que, dans toutes les élections, c’est leur avenir qui est en jeu.
5. Pourquoi dites-vous que le système électoral est discriminatoire à l'égard des jeunes, alors qu'en réalité, il y a quelques-uns des jeunes qui ne veulent pas participer?
Il pourrait y avoir des raisons personnelles qui expliquent pourquoi les jeunes ne participent pas aux élections, mais, cela dit, la loi est très claire sur la question de l’âge de vote. Article 2 (3) de la Constitution de 1996 du Cameroun stipule que « le vote est égal et secret; y participent tous les citoyens âgés d’au moins vingt (20) ans. » Le Cameroun a une population d’environ 24 millions de personnes avec un âge médian d’environ 18 ans. Cela signifie que lorsque la population du Cameroun est divisée en deux parties, la moitié (soit 12 millions de personnes) est âgée de moins de 18 ans et l’autre moitié au-dessus de 18. Il y a environ 2 millions de personnes âgées entre 18 et 20 ans. Lorsque vous ajoutez cela à la population en dessous de 18, il est de 14 millions de personnes, soit environ 60% de la population du Cameroun. Placer l’âge de voter au Cameroun à 20 signifie donc que seulement 40% des Camerounais ont obtenu le droit de vote à nos élections. Dans de tels scénarios, des questions se posent évidemment si nos élus jouissent d’une réel légitimité populaire ou si, ils reflètent la volonté de la majorité des personnes qui forme la base de leur autorité.
6. Ne pensez-vous pas qu’un enfant de 18 ans devrait se concentrer sur l'éducation plutôt que des questions politiques?
A 18 ans, une personne n’est plus un enfant. La Convention internationale relative aux droits de l’enfant stipule clairement qu’un enfant est une personne qui a l’âge inferieure a 18 ans. L’article 80 (4) du Code pénal 2016 du Cameroun stipule que « la majeur de 18 (dix-huit) ans est pleinement responsable » C’est-à-dire leur capacité à assumer leurs responsabilités à cet âge est reconnu et clairement défini par la loi. Le concept de responsabilité à 18 signifie qu’ils assument pleinement la responsabilité du choix de vie à cet âge. Leur refuser le dro it de vote affaiblit considérablement leur capacité à décider de quelque chose d’aussi important que leur avenir. La question qu’il faudrait poser est; « quel niveau de l’éducation devrait-on avoir pour être électeur? ». Une grande partie de la population actuelle ayant le droit de vote n’ont même pas le niveau d’éducation que possèdent la majorité des jeunes de 18 ans aujourd’hui.
7. Ne pensez-vous qu'il est préférable de plaider en faveur de la création d'emplois pour ces jeunes que de les encourager à participer à des questions politiques?
Sur la question d’emplois, le gouvernement fait de son mieux bien qu’il existe encore des zones à améliorer, et c’est vrai que le gouvernement ne peut pas employer tout le monde. Grâce à Vision 2035, le gouvernement a fixé un objectif de faire du Cameroun un pays émergent démocratique, unie dans sa diversité, d’ici l’an 2035. La première phase de la mise en œuvre de cette vision couvrant la décennie 2010-2020 était clairement énoncée dans le document de stratégie pour la croissance et l’emploi DSCE. Les programmes pour favoriser les jeunesse comme PAJER-U, PIAASI, le recrutement de 25000 jeunes, la mise en place de la banque pour les PME, et « Le Fonds spécial Jeunes » témoignent de l’effort. Néanmoins, la croissance du Cameroun pour 2018 était seulement de 4,6%. Manifestement, pour réaliser la vision-2035, le pays avait besoin de maintenir une croissance à deux chiffres à partir de 2015. Cela signifie la création d’emplois comme vous le dites à juste titre. Mais, qui sont ceux qui créent des emplois ou l’environnement propice à la création d’emplois? Nos dirigeants! Au Cameroun, nous avons toujours tourné le regard vers nos dirigeants pour les emplois. Qui élit ces dirigeants? Nous-mêmes! Comment pouvons-nous nous assurons que nos dirigeants traitent notre manque d’emplois si l’on n’a jamais participé à leur élection ou de faire en sorte que la création d’emplois est une priorité dans leurs politiques avant les élections? Quand tout est dit et fait, les jeunes sont ceux-là mêmes qui souffrent le plus de ce manque d’engagement politique.
9. Ne pensez-vous pas cela constituera un risque politique que ceux-ci sont un nouvel ensemble d'électeurs qui peuvent balancer les élections contre certains candidats?
Dans toute démocratie, le changement positif devrait être les bienvenus! Il pourrait y avoir, bien sûr, une importante dimension politique de faire voter les jeunes de 18 ans. Donner le droit de vote aux jeunes de 18 ans augmentera la population en âge de voter au Cameroun par environs 1,5 à 2 millions de personnes – soit un peu plus de 15% d’électeurs. Mais je pense que s’il y avait la domination d’un parti politique parmi cette grande nouvelle population de vote, ou entre les sous-groupes en son sein, il pourrait y avoir un avantage électoral pour ce parti ou ses candidats. En conséquence, voter à 18 ans deviendrait un enjeu politique majeur. Néanmoins, je crois que le risque est extrêmement faible. Ils constituent un nouveau seuil électoral qui peut être explorée également, par tous les acteurs politiques en fonction de leur volonté d’engager ces jeunes électeurs. Prenons ce cas. L’article 123 du Code du travail du Cameroun permet déjà aux jeunes de 18 ans de voter dans les sociétés et les entreprises où ils travaillent. Il stipule que: « (1) Sont électeurs, à l’exception du chef d’établissement, les travailleurs des deux sexes, âgés de dix-huit (18) ans révolus et ayant travaillé au moins six (6) mois dans l’entreprise ». Même à 20 quelqu’un se qualifie comme candidat! « (2) Sont éligibles, les électeurs âgés de vingt (20) ans révolus, sachant s’exprimer en français ou en anglais, ayant travaillé sans interruption dans l’entreprise pendant douze (12) mois au moins ». Si ça ne constitue pas un « risque politique » de permettre à un jeune de 18 ans pour voter le conseil d’administration d’une grande société comme Delmonte-avec des budgets beaucoup plus importants que ceux de certains de nos conseils municipaux locaux, pourquoi devrait-il devenir soudainement un grand risque politique quand il s’agit de permettre aux mêmes jeunes de 18 ans à voter pour les membres de nos communes, par exemple? Si vous évaluez attentivement la situation, les mêmes principes généraux sont applicables à ces élections que les élections nationales. Il se peut que la question soit une – comme pour le suffrage des femmes au début du 19 e siècle – qui ne peut être résolu de façon définitive seule par la raison ou la logique. Les attitudes sur la question sont plus susceptibles d’être déterminées par l’émotion ou une réponse politique. Il convient de noter, cependant, que la quasi-totalité des arguments avancés maintenant contre l’extension du droit de vote aux jeunes de 18 ans ont également été présenté contre l’octroi de droit de vote aux femmes. Pourtant, personne maintenant ne remet sérieusement en question la sagesse de la possibilité d’accorder ces droits aux femmes.


10. Nous sommes en Afrique et avouons nos réalités. A 18 ans, beaucoup de jeunes vivent encore sous la garde de leurs parents; ne pensez-vous pas qu'ils sont immatures à voter?
Ils ne sont pas immatures, et pour prouver cela, permettez -moi de donner quelques exemples. Le gouvernement recrute des soldats dans l’armée à l’âge de 18 ans, permet aux jeunes de se marier à 18 (et dans certains cas 15 ans pour les filles), les attribue la pleine responsabilité pénale à 18 ans, les établit des cartes d’identité à 18 ans et leur permet même de observer les élections à 18 ans. Au moins, la possibilité de voter devrait être accordée en reconnaissance des risques qu’un jeune de 18 ans est obligé d’assumer quand il est envoyé au combat et peutêtre pour mourir pour ce pays. En Juin 2014, Radius Maliki est mort dans une explosion à Ndabakora-Grand Nord Cameroun, comme son équipe a réussi à repousser l’attaque horrible de Boko Haram. À 19 ans, le caporal a fait le sacrifice le plus élevé pour la patrie, mais à cet âge, Maliki ne pouvait même pas choisir qui l’a envoyé mourir. Il était trop jeune pour voter. Peut-on vraiment maintenir que ces jeunes hommes et les femmes ne méritent pas le droit de vote? Si nous pouvons faire confiance à un jeune homme de 18 ans avec une arme à feu, nous devrions être en mesure de faire confiance à la même avec un bulletin de vote. Bien sûre, comme beaucoup de critiques l’ont souligné, les capacités requises pour être un bon soldat ne sont pas les mêmes capacités requises pour être un bon électeur. Néanmoins, je crois que nous pouvons accepter la logique de l’argument sans en faire concluants. Une société qui impose le fardeau extraordinaire de la guerre et la mort sur sa jeunesse devrait également accorder le bénéfice de la pleine citoyenneté et de représentation, en particulier dans les aspects sensibles et fondamentaux comme le droit de vote.
11. Les jeunes sont-ils assez bien informés sur les enjeux d'être inclus dans un système politique sans une base solide et transparente?
Il est nécessaire de sensibiliser les jeunes sur leur rôle dans l’organisation d’élections pacifiques, libres et justes et sur des choses comme les critères de base pour choisir un leader, mais ce genre de sensibilisation doivent être adressées à tous les électeurs. La plupart des personnes vous diront que notre système politique est un travail en cours et nous devons apprendre de nos erreurs et chercher de nouvelles façons d’améliorer le système, l’un qui est de repenser un système politique qui produit des jeunes apathiques. Si les jeunes sont déconnectés du processus, comme c’est le cas aujourd’hui, la fondation reste fragile.
12. Si les jeunes ayant 20 ans aujourd'hui ne sont même pas intéressés à la participation politique, pensez-vous les jeunes de 18 ans trouveront un intérêt pour le vote?
Tout d’abord, je ne suis pas d’accord que tous les jeunes de 20 ans ne participent pas. Ils votent, mais pas dans les tendances que nous aimerions voir. La vraie question à se poser est « pourquoi les jeunes de 20 ans ne votent-ils pas alors qu’ils ont le droit de voter?» D’une certaine façon, il pourrait être une question de coûts par rapport aux avantages de la participation politique. Quelques études indiquent que la participation politique augmente quand la récompense personnelle et les avantages perçus de la participation emportent sur les coûts associés. Ces coûts pourraient inclure: coût d’inscription sur les listes électorales; le coût de recherche des connaissances politiques qui est nécessaire pour prendre une décision éclairée; le temps impliqué; et les coûts des efforts de mobilisation des électeurs, etc. D’ailleurs, les jeunes électeurs ont tendance à être plus mobiles en raison de l’éducation et la recherche d’emploi et ne se rendent souvent pas à l’endroit où ils ont inscrits pour voter, parce que notre système électoral ne permet pas encore la possibilité de voter où l’on se trouve. Ces coûts, font en sorte que ces jeunes ne font pas les efforts nécessaires. Néanmoins, ce cadre de coûts-bénéfices est confronté par les dilemmes tels que le « paradoxe du vote » (où les gens votent en dépit du fait que les coûts individuels emportent sur les avantages individuels), ou « le problème d’action collective » inhérente à la participation politique, et donc tout ne peut pas s’expliqué en termes de coûts et bénéfices. Curieusement, j’ai aussi entendu certains jeunes du groupe d’âge électeur affirmer que leur absence dans les urnes constituait toujours une forme de participation visant à envoyer un message clair selon lequel choisir entre différentes alternatives déplaisantes pendant les élections était une perte de pouvoir et ne valait pas leur participation. Donc, cela nous amène à la question de la qualité des candidats dans nos élections en tant que facteur de participation. Dans tous les cas, l’absence de jeunes lors des élections ne se matérialise pas exclusivement quand ils ont 20 ans. Le problème commence plus tôt. C’est le résultat d’une culture continue d’un manque de toilettage politique et du coaching, l’insuffisance de la sensibilisation politique ou civique et, les possibilités inadéquates pour s’engager dans les foyers ou établissements d’enseignement universitaires ou informels respectifs. Cette situation est encore aggravée par la contrainte légale qui met l’âge minimum de vote à 20, ce qui rend impossible pour les jeunes de participer de manière significative avant cet âge. Dans de telles situations, la mobilisation massive des électeurs peut faire une énorme différence pour assurer que les jeunes de plus de 20 ans participent aux élections à venir. La même logique prévaut lorsque l’âge de vote est abaissé à 18 ans, bien que cela nécessite des efforts accrus de mobilisation du gouvernement et de la société civile.
13. En regardant la plupart des pays ravagés par la guerre nous nous rendons compte que beaucoup de jeunes sont impliqués dans la violence, ne pensez-vous pas que les inclure va plutôt créer un domaine de la radicalisation après les élections – au lieu de penser la croissance collective, ils vont plutôt penser à la politique, le tribalisme et les conflits en raison de leur immaturité dans la vie politique?
Pour les nombreux jeunes dans d’autres pays qui ont voté de façon responsable à 18 ou même 16, ce serait une généralisation injuste. L’Amérique et le Botswana, ou même le Brésil et l’Argentine qui ont les âges de vote à 18 ans, ou 16 ont rarement connu une telle radicalisation depuis que l’âge de vote a été abaissé dans ces pays. Au contraire, le résultat a été l’émergence d’une masse critique de jeunes qui ne sont pas seulement conscients politiquement mais aussi capable d’assumer leur propre responsabilité dans la création d’un environnement démocratique plus stable. Ors, des pays comme la Côte-d’Ivoire qui a eu un âge de voter à 21 jusqu’en 2016, a été engloutie dans une crise post-électorale en 2012, avec les électeurs agitant sur les résultats. Cela prouve que, sans orientation, tous les groupes d’âge peuvent se livrer à la violence et à détruire le tissu même de leurs propres démocraties.
14. Pensez-vous qu’à 18 un Camerounais est assez capable de prendre de bonnes décisions de vote?
Je crois qu’ils possèdent la maturité, le jugement et la stabilité requis pour un exercice responsable du droit de vote et méritent le droit de vote. A 18 ans ils ont déjà de nombreux droits et responsabilités dans notre société comparable au droit de vote. Peut-on dire que tout simplement parce qu’un jeune de 18 ans va à la guerre, ou travaille, ou se marie, conclut un contrat, ou paie des impôts, ou conduit une voiture ou est tenu pénalement responsable (il est à noter que l’âge minimum de responsabilité criminel au Cameroun est 10ans), comme un adulte il/elle devrait ainsi être habilités à voter ? On peut dire chaque droit ou responsabilité dans notre société présente des questions uniques qui dépendent de la question particulière en jeu. Cependant, les exemples que je viens de citer démontrent que, de plusieurs façons importants et depuis de nombreuses années, nous avons conféré des droits importants sur la jeunesse, comparable en substance et de la responsabilité du droit de vote. Peut-on vraiment maintenir qu’il est juste de leur accorder tous ces droits, et retenir encore le droit qui importe le plus, le droit de participer au choix du gouvernement sous lequel ils vivent? Pourquoi penses-tu qu’à 18 ans un jeune serait en mesure de faire un bon choix d’un partenaire de vie, ou même décider d’une carrière pour eux-mêmes et en ce qui concerne la question du vote ils sont incapables de trouver des bonnes réponses?Nos jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup mieux équipés – intellectuellement, physiquement et émotionnellement – pour faire le type de choix impliqués dans le vote que sont les générations passées des jeunes. De nombreux experts estiment qu’un jeune de 18 ans aujourd’hui est au moins un égale, physiquement et mentalement, d’un jeune âgé de 21 ans de la génération de son père, ou un jeune de 25 ans de la génération de son grand-père. En effet, dans de nombreux cas, les jeunes de 18 à 20 ans possèdent déjà une meilleure éducation qu’une grandeproportion d’adultes parmi la population de vote actuel. Et, ils ont aussi une éducation beaucoup meilleure que la grande majorité des électeurs dans toutes les périodes précédentes de notre histoire. Les statistiques sont dramatiques: Il y a cinquante ans, seulement 10% des Camerounais âgés entre 18 et 21 étaient des diplômés de collège. Aujourd’hui, en revanche, les taux de rétention dans nos écoles sont très élevés. En 2016, nous avons eu l’inscription de 91% dans notre système scolaire primaire. C’est clair que l’éducation accrue de la jeunesse ne se mesure pas seulement par la quantité des connaissances inculquée. Il est également mesuré par une augmentation correspondante de la qualité inestimable du jugement. Nos jeunes de 18 ans aujourd’hui sont bea ucoup plus matures et plus sophistiqué que les générations précédentes au même stade de développement.
15. Ne vous pensez que cela peut ouvrir une voie pour les manipulateurs politiques d'utiliser ces enfants pour leur intérêt politique?
A 18 ans, ils ne sont plus des enfants! La Convention relative aux droits de l’enfant ou même la Charte africaine des droits et du bien -être de l’enfant est tout à fait claire. Cela dit, je pense que tout dépend de l’orientation que nous donnons à nos jeunes. Quand vous parlez de manipulation politique (nous devons essayer de mettre fin à ces pratiques), vous devez reconnaître qu’il n’a pas de limites d’âge. Il y a beaucoup d’exemples, nous pouvons citer, des adultes qui ont été manipulés. Après les élections générales de 2007 par exemple, le Président de la république et la Cour suprême ont dû faire appel à de nouvelles élections dans certaines circonscriptions de la région du Littoral, apparemment parce que les électeurs – qui étaient jamais les jeunes de 18 ans – ont été manipulés. Ces élections n’étaient pas libres et équitables. La manipulation de l’électorat, à travers ces exemples malheureusement édifiants, nous oblige à repenser le sens de la participation politique. Tout système politique qui se nourrit de la manipulation s’autodétruire rapidement.
16. Pourquoi vous limitez votre campagne à 18 ans alors qu’ailleurs en Amérique latine et en Europe certains pays autorisent le vote à 16 ans?
La Convention relative aux droits de l’enfant reconnaît un enfant comme une personne ayant l’âge inférieur à 18 ans. L’âge de 18 ans est aussi l’âge auquel le Cameroun recrute ses forces armées, emploie des gens, délivre des cartes d’identité et sanctionne le mariage pour les garçons. Tous les autres pays d’Afrique, à l’exception du Cameroun, ont octroyé le droit de vote à 18 ans. Au Brésil, Cuba, l’Autriche, l’Argentine et plusieurs autres on peut voter à 16 ans et ce qui est encore mieux. Pour moi, abaisser l’âge minimum de vote au Cameroun est le plus important principe unique, que nous pouvons poursuivre en tant que nation si nous voulons réussir à amener nos jeunes à une participation pleine et durable dans nos institutions de gouvernement démocratique.
17. Le paiement des impôts par la jeunesse travailleurs ne leur donne pas nécessairement le droit de voter à 18 ans. Qu'est-ce que vous avez à dire à ce sujet?
Pourquoi le gouvernement veut seulement s’intéresser à nos impôts et non à notre participation représentative? Connaissez-vous le dicton « Pas de taxation sans représentation »?
18. Ne pensez-vous qu'ils vont voter pour la mauvaise personne?
Les candidatures sont examinées par ELECAM et les candidats devraient être votés sur la base de leur vision politique. S’il y a quelque chose « mauvaise » àl’égard du candidat, je ne suis pas sûr qu’ils traverseraient le processus de revue d’ELECAM, ou même s’ils le font, on ne les élirait pas bien sûr si le public juge qu’ils ne sont pas le candidat juste! Notez qu’il ne sera pas seulement les personnes âgées de 18 ans qui voteraient
19. Qu’est-ce qui a été fait par NewSETA jusqu'à présent, pour permettre une révision de l'âge de vote qui est encore à 20 ans?
NewSETA a mené une enquête dans la ville de Yaoundé en Novembre 2015 pour échantillonner les opinions d’environ 200 jeunes (principalement lycéens et étudiants universitaires) sur la question de réduire l’âge de voter – l’examen de leur soutien à l’idée, leur volonté de s’inscrire et voter si l’âge de vote est réduit et d’autres facteurs expliquaient la sous-representation des jeunes aux élections nationales. Nous avons également eu des entretiens approfondis avec quelques anciens experts sur le sujet. 74% de ceux que nous avons interrogés a souhaité voir l’âge de voter au Cameroun abaissé à 18 ans. Nous avons dû engager le Parlement avec les résultats de cette étude en 2016 quand NewSETA a été autorisé par le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Cavaye pour présenter les résultats de notre étude à la première session ordinaire du Parlement le 16 mars 2016. Nous avons également présenté un projet de loi lors de notre passage prise en charge par le REJE – Réseau Parlementaire Espérance Jeunesse, présidée par l’honorable Komba Gaston, avec la proposition de modification de l’Article 2, alinéa 3, de la Constitution et l’Article 45 du Code électoral. Nous avons organisé plusieurs conférences et un «Echange honorable » en Juillet 2017 qui a réuni 11 députés et plus de 80 jeunes leaders à un échange sur la même question. Nous avons écrit 180 lettres aux 180 membres de l’actuel Parlement en Juillet 2017 et avons écrit une lettre au Président de la République sur la question. Nous prévoyons plusieurs journées nationales d’action et d’événements médiatiques sur cette campagne visant à faire abaisser l’âge de vote au Cameroun. Nous sommes reconnaissants à la Fondation nationale pour la démocratie (NED, USA) qui nous a accompagnée dans cet effort.
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